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Tik Tok ne nous paiera pas pour regarder des vidéos

Il n’était pas peu fier, lundi 5 août, le Commissaire européen Thierry Breton, d’annoncer que le réseau social chinois TikTok renonçait définitivement à la mise en place de son application TikTok Lite. Car c’était l’aboutissement de 4 mois d’intenses négociations entre la Commission européenne et le géant chinois. Mais comment en est-on arrivé là ? C’est en fait une histoire à épisodes avec maints rebondissements.

Episode 1. Tik Tok lance sa nouvelle appli, Tik Tok Lite. Elle présente comme particularité de récompenser, par un système de points, les visionnages de vidéo. Ces points sont convertibles en bons d’achat Amazon ou en cartes cadeaux PayPal. Avec le risque d’addiction que ça induit : plus je regarde, plus je gagne de points et, du coup, plus j’ai envie de regarder, et ainsi de suite…

Episode 2. La Commission européenne s’inquiéte de ce risque, notamment pour les enfants, en raison de l’absence potentielle de mécanismes efficaces de vérification de l’âge.

Episode 3. L’UE menace, en s’appuyant sur une réglementation européenne toute récente, puisqu’elle date de février 2024, de suspendre l’appli car, selon les nouvelles règles, Tik Tok aurait dû, avant de lancer sa nouvelle application, évaluer les risques.

 

Episode 4. La plateforme préfère, prudemment, prendre les devants, en suspendant « volontairement » (sic), mais aussi provisoirement, le système de récompenses de sa nouvelle appli. Les responsables du géant chinois jurent, la main sur le cœur, que « TikTok cherche toujours à collaborer de manière constructive avec la Commission européenne et d’autres régulateurs ».

Episodes 5, 6, 7, etc. En coulisses, on négocie, on se renvoie la balle, on menace d’amendes (côté européen), on fait le dos rond (côté chinois).

Dernier épisode (pour l’instant). On en arrive, le 5 août, à cette annonce de Thierry Breton. Mais ne soyons pas naïfs pour autant. Tik Tok reviendra à la charge, sous une forme ou une autre, pour tenter de capter le temps de cerveau et l’argent disponibles de ses quelque 1,5 milliard d’utilisateurs revendiqués.

Et il vaut mieux redoubler de vigilance quand on s’aperçoit qu’on vit maintenant dans une société capable de récompenser, voire de rémunérer, des gens pour le seul fait de regarder des vidéos !