UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Consommation, La consommation en folie

Tartinable au thon « produit en Bretagne » : si proche et pourtant si lointain !

 

Comme dans d’autres domaines, pour ce qui est de la consommation, il faut se méfier de ce que l’on croit déchiffrer sur un emballage ou une étiquette.

Les apparences peuvent être trompeuses, notamment dans le domaine de la consommation. Prenons l’exemple d’un consommateur lambda qui, pour une entrée ou un apéritif, va acheter un produit à tartiner. Parmi toute une gamme, son choix se porte sur un « thon – tomate », de la marque Guyader. Jusque-là, rien que de très banal, d’autant que le produit en question, de bonne qualité, n’est absolument pas en cause dans ce qui suit. Le produit est estampillé « produit en Bretagne », et l’emballage précise bien que la maison Guyader est basée à Landrévarzec, dans le Finistère (à une quinzaine de kilomètres de Douarnenez, port de pêche bien connu). Donc, tout va bien.

Il vaut mieux s’informer avant d’acheter !

Mais pour une raison finalement bien compréhensible, notre acheteur est persuadé, sans trop y réfléchir, que le thon a été pêché pas très loin de nos côtes par des pêcheurs locaux. Il est vrai que l’association entre le logo « produit en Bretagne » et le mot thon conduit immanquablement à cette conclusion.

Rentré chez lui, et au moment de passer à table, il lui vient soudain l’idée de regarder la composition du produit. Certes, et on ne le répètera jamais assez, c’est avant d’acheter qu’il faut regarder la liste des ingrédients des denrées qu’on achète, d’autant plus quand il s’agit de produits transformés. Mais il faut bien l’avouer, on est tous pareils : on se dit qu’on devrait, mais on est pressés, on a une liste de courses longue comme un jour sans pain, et finalement, on décide, promis – juré, qu’on le fera la prochaine fois. Et on a tort !

Le long voyage du thon

Dans le cas qui nous occupe, le consommateur, s’aperçoit que, dans la préparation thon – tomate, le thon vient de l’océan Indien ou du Pacifique. Il apprend aussi, au passage, que les tomates viennent de Turquie et d’Espagne. Et voilà comment on passe d’un produit qu’on croyait régional, à une préparation dont les ingrédients principaux (ceux qui sont mis en avant sur l’étiquette) ont traversé la planète avant d’atterrir sur notre tartine.

Et tout ça est parfaitement légal. Le fameux logo « produit en Bretagne », un petit rond jaune orné d’un phare bleu, est sans doute bien connu des consommateurs, mais ce qu’il implique l’est beaucoup moins. Ce n’est pas un label au sens propre, comme peuvent l’être les labels AOP, par exemple, mais une « marque régionale collective » : en fait, « Produit en Bretagne » est un regroupement d’entreprises bretonnes qui souhaitent promouvoir l’économie locale. Et il ne signifie aucunement que les matières premières utilisées viennent de Bretagne.  Il suffit en fait que le produit soit partiellement transformé en Bretagne. La charte évoque d’ailleurs des produits « répondant aux notions de transformation substantielle et de valeur ajoutée notable ».

Soutien à l’économie locale

Et tous les logos régionaux fonctionnent peu ou prou de la même manière, avec des variantes selon qu’ils sont financés par les collectivités, les chambres de commerce ou des associations. Ils ont tous pour vocation première de défendre l’économie, l’emploi et le savoir-faire local. Pas l’origine des matières premières.

Il faut donc toujours se méfier des faux-semblants, des associations d’idées qui se font naturellement dans notre cerveau sans que ce soit écrit noir sur blanc sur l’emballage. Et surtout, il faut bien lire la composition des produits que l’on achète !