UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Alimentation-Santé-Eau, UFC Que Choisir

L’Indre-et-Loire en eau trouble

Si l’UFC-Que Choisir n’a de cesse, année après année, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive sur l’eau, tant en termes de quantité que de qualité (pollution), l’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisations pour lequel nous ne disposons d’aucune donnée pour le département. 

Alors que le ministère de la Transition écologique indique que notre département subira probablement une nouvelle sécheresse cet été, l’UFC-Que Choisir d’Indre-et-Loire dénonce aujourd’hui ‘’ La fuite en avant ! ’’ pour alerter sur le manque criant d’informations sur les pertes en eau potable dans notre département. Cette précieuse ressource devant être plus que jamais économisée alors que notre climat change à un rythme accéléré, notre association demande aux communes du département de faire toute la transparence sur leur taux de fuite et aux pouvoirs publics de mettre en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux.

L’impact de l’évolution climatique se fait désormais sentir de manière très concrète sur notre approvisionnement en eau. L’été dernier, le département a été officiellement placé en situation de crise, entrainant dans certaines zones un arrêt total de l’irrigation et des usages d’eau non prioritaires.

De telles sécheresses sont inéluctablement amenées à se multiplier avec la diminution des précipitations prévue pour les prochaines décennies. Les climatologues et les hydrologues indiquent que la recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 % à 25 % et qu’elle risque d’être particulièrement marquée dans le bassin de la Loire (-25 % à -30 %).

Les débits moyens des fleuves pourraient être réduits de 10 % à 40 % sur l’ensemble de l’année. Quant aux débits estivaux des fleuves, ils pourraient être réduits de 30 % à 60 %.

Alors qu’une partie de notre département est à nouveau déclarée en situation d’alerte renforcée, l’UFC- Que Choisir d’Indre-et-Loire alerte sur l’absence totale d’information sur les pertes d’eau potable dans notre département.

Opacité totale sur le département d’Indre-et-Loire

Alors que depuis 2012 et le Grenelle de l’environnement les communes sont tenues de publier leurs niveaux de pertes d’eau, aucune donnée n’est disponible sur la base de données officielles pour l’année 2021 pour toutes les communes d’Indre-et-Loire.

Sachant qu’un litre d’eau sur 5 (18.5 %) est perdu en moyenne en France, ce qui représente des quantités considérables d’eau potable gaspillée, les consommateurs d’Indre-et-Loire sont en droit de connaitre le niveau de fuite des réseaux, alors même qu’ils payent ces volumes d’eau perdus à travers leur facture d’eau.

Des réseaux fragiles et vétustes

Il y a en effet urgence à agir. Les canalisations en matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées. En 2019, les Assises de l’eau ont fixé l’objectif de renouveler 1 % du réseau national par an, mais en réalité le taux de remplacement est de seulement 0,67 %. A ce rythme, il faudrait 150 ans pour remplacer la totalité du réseau, alors que la durée de vie d’une canalisation est comprise entre 50 ans et 80 ans selon le type de matériau utilisé.

 

Plan de rénovation des réseaux : une volonté politique en fuite

Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’Etat (connaissance de l’état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les communes sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux. Si les grandes et moyennes collectivités peuvent être en capacité de mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, tel n’est pas le cas des plus petites communes qui ont les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau ou à financer sa rénovation.

prix-eau-indre-et-loireQuant aux aides financières, elles sont limitées par la faiblesse du budget de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Alors que les utilisateurs de l’eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, l’agriculture ne contribue qu’à 15 % de la redevance prélèvement, alors qu’elle représente l’essentiel des consommations nettes d’eau en été.

Dans le cadre du plan Eau, le président de la République a bien évoqué le sujet des fuites d’eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2.5 à 3 milliards annuels, le Président a annoncé 180 millions d’euros, ciblés sur les plus petites communes… bref, une goutte d’eau !

 

Dans un contexte de raréfaction manifeste de la ressource, il est plus que jamais indispensable et urgent de limiter les pertes d’eau potable. A cet effet, l’UFC-Que Choisir demande aux communes du département d’Indre-et-Loire de faire toute la transparence sur le niveau de fuite d’eau et aux pouvoirs publics :

  • Un renforcement des aides de l’agence de l’eau Loire-Bretagne aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ;
  • Une augmentation du budget de l’agence en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels ;
  • Un développement de l’appui technique du département aux petites communes ;
  • Des objectifs plus ambitieux en termes de taux de pertes autorisés et de connaissance de l’état des réseaux par les communes.