UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Consommation, UFC Que Choisir

Un anniversaire en grandes Pompes…Funèbres intercommunales

La semaine dernière, les Pompes Funèbres Intercommunales de l’agglomération tourangelle fêtaient leurs 25 ans.

En effet, la SAEM « P.F.I », Société Anonyme d’Economie Mixte a été fondée en 1998 par la ville de Tours et onze communes associées. Actuellement, cette société compte 79,13 % d’actionnaires du secteur public et 20,87 % d’actionnaires du secteur privé. De plus, la SAEM « PFI » assure la gestion du crématorium de Tours.

A l’occasion de cet anniversaire, une conférence/table ronde était organisée à l’hôtel de ville de Tours. Notre association, l’UFC-Que Choisir 37  était invitée à y participer.
Dans une chaleur étouffante, les différents intervenants ont pris la parole devant une assemblée attentive. Les débats étaient animés par Aurélien Legendre, animateur de Val de Loire TV et ponctuées par les explications de Manon Moncoq, doctorante en anthropologie.

Pour rappel

Le marché du funéraire représente aujourd’hui environ 2.7 milliards d’euros de chiffres d’affaires annuel avec une progression de 4 % environ par an. C’est une activité qui ne connait pas la crise en raison du vieillissement de la population (638 000 décès en 2023). Actuellement ce business de la mort est dominé par trois groupes :

-OGF (PFG, Dignité funéraire…) avec 25 % du marché (détenu en majorité par un fonds d’investissement canadien) ;

– Funecap (Roc-Eclerc, Pascal Lecler, Rebillon) avec 11 % du marché ;

– le réseau Le Choix Funéraire.

Le secteur public ne représenterait que 7 % du marché.

Une soirée instructive

Cette soirée a été l’occasion pour la représentante de notre association l’UFC-Que Choisir, de revenir sur deux points. Le premier point est le coût parfois exorbitant des obsèques. Dans notre enquête de 2019 sur les pompes funèbres, le coût des obsèques était en progression entre 2014 et 2019 de 14 % pour les inhumations et de 10 % pour les crémations alors que l’inflation n’était que de 3.9% pendant cette même période. Selon une enquête de Silver Alliance sur 2023 sur le sujet, une inhumation coûte en moyenne 5 044 €, celui d’une crémation revient en moyenne à 4 434 €. Si ce marché n’échappe pas à l’augmentation générale des prix (le bois, le gaz, l’électricité, la masse salariale…), ces tarifs restent incompréhensibles pour les consommateurs ; Surtout quand on voit dans ces mêmes enquêtes, de forts écarts de prix pour les mêmes prestations selon les opérateurs mais aussi selon les régions. Se pose alors la question du juste prix et des marges réalisées par certaines enseignes !

Notre deuxième point était le flou existant sur les devis. La réglementation impose aux entreprises du secteur de respecter un devis type (fixé par un arrêté du 23 août 2010 et changé au 1 er juillet 2025). Si cette obligation a été une avancée vers plus de clarté, elle ne règle pas tout. Le devis reste le gros point noir de la profession. Son encadrement avait pour objectif de faciliter la comparaison entre concurrents mais ce modèle de document, voulu par les grandes entreprises présente de gros handicaps : termes peu explicatifs, classification des prestations peu logiques.

En 2014, une enquête de Que Choisir révélait que 80 % des 1 132 devis récoltés auprès de plusieurs sociétés de pompes funèbres n’étaient pas conformes à la réglementation. 26% n’avaient pas remis de devis. Dans l’enquête de 2019, la situation s’améliorait puisqu’ils n’étaient plus que de 22 % mais 1 opérateur sur 5 ne respectait toujours pas la loi (documents administratifs manquants, envoi ultérieur, pas de contrat, pas de devis, devis payant…). Dans les devis récoltés, 65 % n’étaient pas adaptés. Seuls 9% étaient totalement conformes et 26 % partiellement conformes.  De plus, lors d’un décès, les familles ne sont pas toujours informées des prestations obligatoires, imposées par la loi et celles non obligatoires mais qui alourdissent souvent la facture.

Secteur privé vs secteur public

Toutes ces données posent question sur ce secteur spécialisé car certaines entreprises privées font de très belles et injustifiées marges ; des marges d’autant plus honteuses qu’elles sont réalisées sur le dos d’une clientèle vulnérable, en situation d’urgence et de faiblesse au moment d’un deuil.

Face à la concurrence, le funéraire public peut se distinguer par une éthique portant les valeurs du service public : moins de prestations non obligatoires effectuées, transparence des tarifs (votés en conseil municipal ou métropolitain selon), service gratuit pour les personnes dépourvues de ressources suffisantes…

De plus, si toutes enseignes confondues, 83% des sondés sont satisfaits, voire très satisfaits des prestations (enquête 2019), c’étaient lors de cette enquête, les opérateurs publics qui répondaient le mieux aux attentes des familles. De quoi faire sourire le directeur général des PFI de l’agglomération tourangelle, M. DRENEAU et toute son équipe.