Le voyage de mon jean
L’industrie du textile est la seconde industrie la plus polluante à l’échelle mondiale. En voici un exemple concret, le jean, le vêtement que presque tout le monde a dans sa garde-robe. On estime que 455 millions de jeans sont vendus chaque année en Europe, soit environ 2,3 milliards dans le monde. Pratique, intemporel, chic, déchiré, délavé ou sale, il n’en reste pas moins que son impact environnemental est fort, très fort, trop fort…
Plusieurs paramètres entrent dans cet impact : matières premières, lieu de production, nombre d’étapes de production, utilisation de produits toxiques…et hélas, le jean accumule les mauvais points !
Matières premières
35 % environ de la culture du coton sert à la production de toile pour faire des jeans. Or, la culture du coton est très gourmande en eau, entre 5 à 7 000 litres d’eau par kilo de coton produit. De plus, sa culture nécessite pesticides (environ 25% de la production mondiale de pesticides pour cette seule production) et engrais chimiques.
Lieu et étapes de production
Le coton est produit essentiellement en Inde mais aussi en Chine et aux Etats-Unis. Ensuite, le coton est expédié vers des usines, la plupart en Chine, pour y être filé et tissé. La toile Denim est alors traitée chimiquement, notamment pour la colorer.
La toile Denim est expédiée alors vers d’autres usines, celles-ci de confection pour y être taillée et assemblée en pantalon : le jean est né. La plupart de ces usines de confection sont situées au Maghreb, essentiellement en Tunisie et au Maroc. Là, une fois assemblé, le pantalon subira une fois encore des traitements chimiques et mécaniques comme le sablage pour le délaver ou l’user artificiellement.
En dernier, les jeans seront stockés dans des entrepôts dans différents pays avant d’être acheminés vers les distributeurs et les magasins de vente dans tous les pays.
Du coton mais pas que…
S’il est vrai qu’un jean est essentiellement constitué de coton, il ne faut pas oublier d’autres produits entrant dans sa fabrication : rivets et boutons usinés en Australie, fermeture-éclair fabriqués au Japon… Autant de produits qu’il faut aussi acheminés vers les lieux d’assemblage des pantalons.
Un bilan très lourd
Le premier bilan est environnemental : consommation d’eau importante pour la culture du coton, produits chimiques utilisés pour colorer les jeans rejetés dans les rivières, ce qui affecte la biodiversité mais aussi qui pollue les eaux et les terres…
Et si le bilan carbone de mon jean est aussi très lourd puisque l’on estime qu’un jean peut parcourir jusqu’à 65 000km, il ne faut pas non plus méconnaitre le bilan social et humain : des usines localisées dans des pays aux revenus très faibles, des conditions de travail difficiles, des salaires indécents, des manipulations (comme le sablage) dangereuses pour la santé des ouvriers textiles.
Quelles solutions ?
Avant tout achat de nouveau vêtement, il est nécessaire de se savoir si l’on en a réellement besoin : environ 80% de nos armoires sont remplies de vêtements que nous ne portons qu’une fois l’an, voire jamais.
Pour certains vêtements abimés ou plus de mode, il est toujours possible de réparer, de ravauder (eh oui!) ou de relooker.
Si j’achète un vêtement, il est important de se poser quelques questions :
- Quel vêtement, pour quelle utilité ? (Si c’est une robe de soirée pour un seul événement précis, peut-être puis-je en louer une ?)
- Quel est l’origine du vêtement, les conditions de sa fabrication ? (Cas de certains produits fabriqués en Chine par la population Ouighour…)
- Quelles sont les matières ?
- Quel est le prix et ce prix reflète-t-il vraiment le coût du vêtement et de sa fabrication ? (Un prix très faible est en quelque sorte « payé » et compensé en amont par une maltraitance salariale dans un pays en voie de développement).
Pour le jean, il existe une filière du jean de fabrication française, certes bien plus onéreuse mais qui correspondra peut-être plus à vos valeurs, avec un impact environnemental réduit et qui sera sans doute de meilleure qualité.