Gaspillage alimentaire : en théorie, c’est fini !
Nous avons reçu fin juin un courrier d’une personne anonyme (et voulant le rester) nous interpellant sur le fait que certaines entreprises (citées dans son courrier) continuaient à jeter de la nourriture (malgré la loi Garot). Cette personne nous remerciait (par avance) de faire le nécessaire afin d’éviter ce gaspillage. Ne pouvant lui répondre directement, nous profitons du site pour ce faire.
Cher(ère) anonyme,
Nous vous remercions pour votre courrier et pour l’intérêt que vous portez à notre association. Nous avons bien pris connaissance du sujet que vous abordez, à savoir le gaspillage alimentaire que certaines entreprises continueraient de faire et ce, malgré la loi.
Nous sommes, comme vous, révoltés de connaitre ces pratiques scandaleuses. Malheureusement, nous n’avons pas le pouvoir d’enquêter et de sanctionner. De plus, une lettre anonyme ne constitue pas une preuve du fait.
Je fais suivre néanmoins votre courrier à notre Fédération à Paris et à notre service juridique.
En tant que citoyen engagé (comme vous vous définissez vous-même), je profite de ce courrier pour vous indiquer que nous sommes tous, à notre association départementale, des bénévoles engagés, militants, indépendants et que vous pouvez rejoindre notre équipe bénévole pour faire respecter la loi et défendre les droits des consommateurs.
Cordialement
Rappel
La loi Garot qu’évoque notre interlocuteur anonyme constitue le socle de tout un dispositif mis petit à petit en place par le législateur pour tenter de lutter efficacement contre le gaspillage alimentaire. Car l’idée même de détruire de la nourriture encore consommable quand un certain nombre de personnes n’ont pas les moyens de se nourrir correctement est choquante et proprement scandaleuse.
Conscient de ce fait, le gouvernement avait initié, dès 2013, un Pacte national contre le gaspillage alimentaire qui réunissait tous les acteurs de la chaine alimentaire. L’objectif fixé était de réduire le gaspillage de 50% d’ici 2025 au niveau de la distribution et de la restauration collective, et à l’horizon 2030 pour les autres secteurs. On peut toujours se demander si la réduction de moitié du gaspillage alimentaire était un objetif suffisamment ambitieux, mais le défaut principal de ce pacte était qu’il ne fonctionnait que sur la base d’un engagement volontaire. Or, il faut malheureusement en faire le constat : sans contrainte, il n’est guère de progrès.
La loi Garot
La loi Garot a été votée, elle, en février 2016. Son but est de favoriser la prévention du gaspillage alimentaire. Elle entend promouvoir un certain nombre de pratiques plus vertueuses en la matière. Elles prévoit notamment que la destruction des aliments encore consommables est désormais interdite. Les invendus doivent être donnés à des associations ou transformés. Les surfaces de vente de plus de 400m2 sont tenues de mettre en place une convention de don aux associations d’aide alimentaire. Quant aux restes, ils doivent être valorisés pour fabriquer de la nourriture animale ou du compost.
Finies donc les pratiques de certains supermarchés ou hypermarchés qui avaient pris l’habitude d’arroser d’eau de Javel ou d’essence les produits invendus pour les rendre définitivement impropres à la consommation.
Une fois posée la « colonne vertébrale » de la lutte contre le gaspillage alimentaire, les lois qui ont suivi n’ont fait qu’ajouter des dispositifs. La loi Egalim, d’octobre 2018, a par exemple imposé, à partir de juillet 2021, l’obligation pour les restaurateurs de proposer un doggy bag, c’est à dire la possibilité pour le client d’emporter avec lui ce qu’il n’a pas consommé (mais qu’il a payé !).
Quant à la loi Agec (février 2020) elle a encore étendu les obligations de la loi Garot.
Voilà pour le cadre réglementaire. Reste maintenant à faire en sorte qu’il soit appliqué par tous, quel que soit leur rôle dans la chaine de l’alimentation.