Du blé et des fruits venus d’ailleurs
On ne le répètera jamais assez : il faut se méfier de ce qu’on peut voir ou de ce que l’on croit comprendre sur les emballages, notamment de denrées alimentaires.
En lisant ces lignes, certains se diront peut-être qu’on radote un peu, mais deux exemples trouvés récemment dans les rayons d’un supermarché d’Indre-et-Loire nous incitent pourtant à en remettre une couche.
Des fruits venus d’ailleurs
Le premier exemple est un mélange de fruits secs et déshydratés, ce qu’on appelle communément des apérifruits, de la marque Vico. Le paquet s’orne, devant et derrière, d’un joli drapeau tricolore. Un bel argument de vente au moment où on nous incite à consommer français. Certes, on comprend tout de suite que les ananas, papayes et autres noix de coco n’ont pas été récoltés dans l’Hexagone. Mais les collectivités françaises d’Outre-Mer sont tout-à-fait aptes à fournir de tels ingrédients. En fait, quand on consulte la liste des ingrédients, il n’en est rien : la mention « Ingrédients non UE » y apparait en toutes lettres. Il faut y réfléchir à deux fois pour comprendre que les fruits ont été conditionnés en France (on retrouve l’indication « Fabriqué en France » sur le site de Vico).
Mais le constat est toujours le même : ce drapeau bleu-blanc-rouge bien visible sur l’emballage induit naturellement chez le consommateur l’idée que les fruits qui composent le mélange viennent de France, métropolitaine ou non. Alors qu’il n’en est rien. Tout cela est (pour l’instant) parfaitement légal, mais crée la confusion.
Du blé venu de… quelque part
Deuxième exemple avec des gressins de marque U, où un encart précise « blé Europe ». Du coup on se dit : « Pas de souci, on sait d’où ça vient ! » Mais à y réfléchir, on se pose quelques questions. L’appellation généralement pratiquée est UE ou non UE. Du coup, le blé en question vient-il d’un des 27 états de l’Union européenne ou pas ? D’ailleurs quand on dit un des 27, on devrait plutôt dire 26, puisqu’il parait évident que si le blé venait de France, le fabricant se serait empressé de le marquer sur son emballage. Et comme on est suspicieux de nature (les industriels de l’agroalimentaire nous ont appris à l’être), on se dit aussi que si le blé venait de l’UE, ce serait sans doute précisé plus clairement.
Alors de quel(s) pays précisément peut donc venir ce blé ? Sans doute pas des grandes plaines céréalières du Liechtenstein. Là encore, un peu plus de transparence sur l’emballage ne nuirait pas à l’information du consommateur.
Des progrès à faire
Un pas vers plus de transparence devrait être fait bientôt, avec la création d’un nouveau label qui devrait voir le jour d’ici l’été. Il indiquerait au consommateur de quels pays proviennent les différents ingrédients des aliments transformés. L’UFC-Que Choisir, partie prenante, avec d’autres associations, dans les discussions, réclamait depuis longtemps la transparence sur l’origine des ingrédients dans nos aliments. Mais plusieurs détails du projet sont venus doucher l’enthousiasme des associations de défense des consommateurs. D’abord, l’affichage de l’origine pourrait se faire sur la base du volontariat, ce que l’UFC juge « inadmissible ». Ensuite, les industriels voudraient que l’affichage des ingrédients soit dématérialisé (en gros un QR code à scanner), tandis que les associations exigent qu’il soit bien visible sur l’emballage.
Les discussions étant toujours en cours, on ne sait pas encore si on empruntera la voie de la transparence à grandes enjambées ou à reculons.