UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Alimentation-Santé-Eau

L’eau dans tous ses états (3)

Pour bien gérer l’eau, il faut bien la connaitre : voici 6 éclairages différents sur ce précieux liquide indispensable à la vie. Cette série s’appuie sur le dossier réalisé par l’association Eau-Touraine. Troisième volet : les multiples usages de l’eau.

L’eau prélevée a de multiples usages : l’alimentation humaine en eau potable, évidemment, l’irrigation pour les cultures, l’usage industriel, mais aussi le fonctionnement des turbines sur les ouvrages hydroélectriques ou le refroidissement des réacteurs nucléaires.

Pour l’Indre-et-Loire (chiffres de 2020), les prélèvements se décomposent ainsi : barrages 199 millions de m3 (usine hydroélectrique d’Yzeures-sur-Creuse), centrale d’Avoine 184 millions de m3, eau potable 42 millions de m3, irrigation 23 millions de m3, industrie 3,5 millions de m3. Soit un total de 453 millions de m3.

Si l’on enlève le barrage d’Yzeures et la centrale d’Avoine, où l’eau prélevée est rejetée en aval, il reste 69 millions de m3, dont quasiment les deux tiers pour l’eau potable. Sur la métropole tourangelle, on constate que le volume des eaux usées traitées avant rejet est très proche du volume prélevé.

De bons et de mauvais élèves ?

Ces chiffres posent plusieurs questions.

Y aurait-il de bons prélèvements, ceux qui sont rejetés intégralement ou presque (barrages, centrale, eau potable), et de mauvais prélèvements, ceux qui se perdent dans le sol, voire qui s’évaporent avant toute utilisation ?

Y aurait-il de bonnes retenues, comme les barrages ou les retenues collinaires, et de mauvaises comme les bassines, qui sont alimentées par des pompes ?

Est-il judicieux de prélever massivement dans des nappes à faible renouvellement, comme le cénomanien ?

Les réponses à ces questions ne peuvent être simplistes. Un agriculteur qui irrigue ses cultures a un argument tout trouvé : il le fait pour nous nourrir. Mais qu’en est-il d’un gérant de golf qui arrose ses greens (Saint-Antoine-du-Rocher, Courcelles, La Gloriette et Ballan, utilisent chacun entre 20 000 et 40 000m3 d’eau par an) ?

 

Un problème, et plusieurs types de solutions

Chaque utilisateur a de bonnes raisons pour justifier ses prélèvements, et chacun les juge comme il l’entend.

Il faut bien comprendre que les années chaudes et sèches se multipliant, les ressources vont forcément diminuer. Et l’eau prélevée à tel endroit manquera forcément, à un moment ou à un autre, à tel autre endroit : nous sommes tous, ménages, agriculteurs, industriels, interdépendants.

A ce problème, qui n’avait pas cours en France puisque l’alimentation en eau, jusqu’à maintenant, n’était pas (sauf exception très limitée dans le temps et l’espace) un problème, des solutions voient le jour, d’inspiration bien différente :

– Une solution libérale : l’eau est considérée comme une marchandise, et les utilisateurs achètent un droit à consommer ou à stocker (c’est la problématique des bassines) ;

– Une solution sociale : pour qu’il y ait de l’eau pour tout le monde, on réduit drastiquement la consommation, et on la tarifie différemment, avec des mètres cubes gratuits, puis une forte augmentation du prix au-delà d’un certain seuil.

Au final, c’est bien au citoyen de se saisir du sujet.

Le dossier complet, en 15 fiches, est téléchargeable sur le site de l’association Eau-Touraine : www.eau-touraine.fr