Une époque formidable!
On vit une époque formidable où il n’est plus de bon ton d’appeler un chat un chat. Ce n’est pas une nouveauté dans le monde politique où, depuis longtemps, l’euphémisme et la périphrase sont la règle de base du politiquement correct. Mais cette habitude s’est peu à peu installée dans notre quotidien, et notamment dans les enseignes commerciales, sous une autre forme. Là, il s’agit de mettre en scène le service proposé pour le valoriser.
Ainsi, un restaurant, qui dispense également des cours de cuisine, se transforme en « lieu de vie culinaire ». Tout de suite, en lisant ça, on se sent bien, on a envie de s’installer, dans une douce tiédeur rehaussée de délicieuses odeurs de cuisine. ça évoque les repas du dimanche midi chez la grand-mère, quand elle sortait du four un rôti bien doré accompagné de délicieuses pommes de terre nouvelles. C’est ce bien-être que l’on imagine retrouver dans un « lieu de vie culinaire ». Petit détail : chez mamie, on ne payait pas l’addition à la fin !
De même, un très trivial salon de coiffure devient un « atelier capil’hair » (avec le sempiternel jeu de mot avec hair ou tif). On imagine sans peine le petit artisan, au fond de son échoppe, en train d’effectuer un véritable travail d’artiste, taillant amoureusement, l’un après l’autre, chaque cheveu, reculant de temps à autre de trois pas pour admirer, un œil fermé, la progression de son travail. On est loin, du coup, du simple coiffeur qui se contente de vous couper les cheveux.
Et puisque l’enseigne « L’Atelier capil’hair » se trouve tout près d’un site touristique majeur de notre région, on peut se demander pour terminer si un touriste anglais, japonais ou autre pourrait comprendre qu’il peut se faire couper les cheveux dans un « Atelier capil’hair » ?
Mais ceux qui ne regrettent pas le temps des simples coiffeurs trouveront sans doute que l’on coupe ici les cheveux en quatre !