La consommation en folie : quand les poupées font une poussée de croissance
Chez les marchands de jouets, en boutique ou en ligne, les poupées géantes font une entrée en force, à l’approche de Noël. Avec leurs nouvelles « amies », les enfants se sentiront-ils moins seuls ?
Une fois évacué le spectre de la pénurie de jouets pour Noël (les professionnels du secteur se veulent maintenant rassurants, alors que les médias, il y a encore quelques semaines, entretenaient un suspense stressant), reste une question qui peut être angoissante pour certains parents ou grands-parents : qu’y aura-t-il dans la hotte du Père Noël cette année ?
A chacun sa réponse bien sûr, mais comme d’habitude, les fabricants ont rivalisé d’imagination pour proposer quelques nouveautés propres à séduire les enfants (et les parents). Cette année, la poupée géante pourrait bien faire un tabac au pied des sapins.
De quoi s’agit-il ?
En soi, le jouet poupée n’est pas un concept récent. On en trouvait déjà, il y a 4000 ans, dans l’Egypte ancienne. Au XXe siècle, elles se sont mises à fermer les yeux, marcher, parler, chanter, voire à faire pipi.
La nouveauté, cette fois, c’est que l’objet mesure 1,05m, soit grosso modo la taille de l’enfant auquel elle est destinée. On en trouve plusieurs modèles, allant de 25 à 60€. Quasiment tous les distributeurs en proposent. Elles s’appellent, selon la marque, Aimantine, Maria, Camille, Lucia, Rosaura…
Ce jouet est destiné « aux filles » (les féministes apprécieront !) « à partir de 3 ans ». Quant aux arguments publicitaires, relevés sur Internet, ils sont variés, et parfois un peu… tirés par les cheveux.
Petit florilège
« Une poupée à ta taille », « aussi grande que toi » : d’après les courbes de croissance, une petite fille atteint la taille de 105cm entre 3 ans et demi et 6 ans.
« Elle porte des vêtements taille 98 cm», « tu peux l’habiller avec tes propres vêtements » : c’est évidemment un avantage de sa taille, mais en la matière, un porte-manteau aurait fait l’affaire.
« Une amie de toujours avec qui tu peux jouer » : pour les jeux de société, la partenaire risque vite de manquer de réactivité.
« Pour pouponner pour la première fois » : non ! vu sa taille, ce n’est plus un bébé, et si l’on se réfère à la définition du verbe pouponner dans les dictionnaires, on ne peut donc pas pouponner.
« Tire ses cheveux pour qu’ils poussent » : argument imparable, car si on tire les cheveux de sa sœur, elle risque de se défendre ou d’aller se plaindre auprès de papa et maman !
Où sont les garçons ?
Reste un problème. Si nous avons signalé plus haut que les poupées géantes sont présentées comme destinées aux petite filles, nous avons eu beau chercher, pas trace de poupées géantes masculines. Quelle injustice ! Faute de jouets appropriés, les petits garçons devront-ils se résoudre à jouer avec de vrais copains de leur âge, en chair et en os ? Trop nul !