UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Alimentation-Santé-Eau, Consommation, environnement

Gestion de l’eau: une table ronde à 4 temps

 

Suite mais pas fin de la grande manifestation autour de l’eau organisée à l’hôtel de ville de Tours pendant deux jours : samedi matin, pendant que les animations continuaient dans le péristyle de l’hôtel de ville (on pouvait entre autres consulter la qualité de l’eau dans sa commune sur notre carte interactive)  s’est déroulée une table ronde en quatre temps sur le thème de la gestion de l’eau potable.

 

Premier temps avec Isabelle Parot, vice-présidente du Ceser Centre Val-de-Loire et hydrobiologiste. L’institution s’était autosaisie du problème de la ressource en eau après la sècheresse de 2022. A la suite de nombreuses études, réunions et auditions (22 au total), le Ceser a rendu un rapport en trois points : état de la ressource, enjeux de la ressource et recommandations. Les constats sont alarmants : la baisse de la ressource devrait avoisiner les 30% à l’horizon 2070. Par contre, les prélèvements, de leur côté, sont en constante augmentation ; avec cet effet de ciseau, les restrictions arrivent de plus en plus tôt dans la saison. Sur le plan de la biodiversité, une espèce de poissons sur cinq est menacée de disparition. Parmi les recommandations du rapport, on relève trois points principaux : l’urgence à comprendre et à partager, le besoin de création de territoires – éponges, la nécessité d’une utilisation efficiente et sobre.

 

Deuxième temps avec Philippe Mevelec, ancien responsable de la production d’eau à Tours. Après un exposé historique, il a expliqué en quoi les pollutions d’aujourd’hui diffèrent de celles d’autrefois : on produit maintenant des molécules non biodégradables, ce qui n’était pas le cas autrefois. Il a également rappelé qu’à Tours la gestion de l’eau avait toujours, historiquement, été publique, insistant notamment sur le fait qu’entre une régie entièrement publique et une délégation totale de service public, il existe une infinité de nuances : quid par exemple de la construction des usines, ou du déploiement des réseaux ?

 

Troisième temps avec l’association Eau Touraine, qui milite pour un service public de l’eau. Au niveau de la métropole tourangelle, si cinq communes seulement (dont Tours) sont en régie, elles représentent les deux tiers de la population. Mais comme la plupart des concessions avec Véolia arrivent à échéance en 2028, Eau Touraine milite pour préparer toutes les communes à un regroupement dans une grande régie métropolitaine.

 

 

Quatrième temps enfin avec Betsabée Haas, adjointe au maire de Tours et conseillère métropolitaine, entre autres. Elle aussi, dans son agenda, a pointé la date de 2028, souhaitant globaliser le débat et rédiger un cahier des charges, toujours en vue d’un passage en régie des communes dont le contrat avec Véolia arrivera à échéance. Elle a également insisté sur un constat édifiant : au cours des 60 dernières années, la ressource en eau a diminué de 50% lors des périodes d’étiage.

 

 

 

A l’issue de ce débat, une question, toutefois, est restée en suspens. Si le principe de la régie permet de mieux contrôler la qualité de l’eau et permet d’éviter de verser des rémunérations aux actionnaires des délégataires, quel intérêt présente réellement, pour les citoyens consommateurs que nous sommes, la délégation de service public ? Mais comme ni M. Ritouret, vice-président de la métropole chargé de l’eau, ni Véolia n’avaient accepté de participer au débat (ils avaient bien entendu été invités), on n’a pas eu de réponse, et c’est bien dommage.