La puff bientôt interdite : demi-victoire

La vente, la distribution ou l’offre gratuite de puffs en France devrait très prochainement être interdite. Après le vote du Sénat, le 13 février, il ne reste plus qu’à publier le texte au Journal officiel pour que la mesure devienne effective. Mais de quoi parle-ton exactement ?
Une puff est une cigarette électronique jetable, à usage unique. Les puffs sont préremplies d’un « e-liquide » qui peut, ou pas, contenir de la nicotine. Il n’y a donc aucune action à faire avant de consommer, à la différence, par exemple, des cigarettes électroniques, qu’il faut auparavant remplir avec le liquide de son choix.
Ces puffs sont présentées dans des emballages aux couleurs flashy ; parfois même elles sont clignotantes. Quant aux parfums, ils rappellent ceux des bonbons : banane, fraise, barbe à papa, etc. En additionnant tous ces éléments, on obtient le mélange parfait pour plaire aux plus jeunes, même si sa vente a toujours été interdite aux mineurs. C’est pourquoi on l’a vu fleurir chez les lycéens, voire même les collégiens.
Problème sanitaire et environnemental
Les parlementaires s’étaient émus du problème, sous deux angles, bien différents d’ailleurs. Le premier est un enjeu de santé publique, puisque les addictologues considèrent que la puff est une véritable « porte d’entrée » vers le tabagisme. La volonté affichée de nos élus est de bâtir la première génération sans tabac. Le « nouveau plan de prévention du tabagisme », qui s’étend jusqu’en 2027, prévoit d’ailleurs, outre l’interdiction de la puff, l’extension des espaces sans tabac et l’augmentation progressive du prix du paquet de cigarettes.
Et puis il y a un autre aspect, environnemental celui-là. Puisque la puff est jetable, eh bien… on la jette ! Et peu près n’importe où, à défaut de savoir dans quelle poubelle la jeter. La puff ne se recycle pas, donc elle ne va pas dans la poubelle jaune, ce qui fait que bien souvent on la retrouve sur la voie publique, ou dans la poubelle à déchets, où elle ne devrait surtout pas être mise, du fait qu’elle contient, entre autres, une batterie au lithium. Sans parler des ressources nécessaires à la fabrication de ces objets.
Les industriels contre-attaquent
Alors, une victoire pour la santé publique et l’environnement ? Pas si sûr, parce que les industriels du secteur avaient senti le vent venir et ont donc anticipé cette interdiction. Il faut dire qu’ils ont eu le temps, puisque les premières discussions parlementaires remontent maintenant à 2 ans. Comme ne sont visés par la loi que les dispositifs non-rechargeables en liquide, les fabricants se sont engouffrés dans cette brèche ouverte par la Commission européenne, qui avait jugé que la proposition de loi française allait trop loin : ils ont mis sur le marché différents produits respectant la nouvelle réglementation, et notamment des appareils rechargeables via des capsules, et donc en dehors du champ des nouvelles interdictions.
Les parlementaires français, de leur côté, ont décidé d’appliquer tout de suite cette législation restreinte par Bruxelles, pour aller le plus vite possible, mais prévoient de ne pas en rester là pour l’avenir. Encore une affaire à suivre, donc.