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Steak végétal – steak animal : un match très disputé !

C’était un peu le « match du siècle » revu et corrigé à la sauce végétarienne : steak animal contre steak végétal. D’un côté du terrain, le steak animal, champion sortant, qui d’ailleurs ne remettait son titre en jeu que contraint et forcé. En face, le challenger, le steak végétal, qui entendait bien mettre la main sur la couronne, et sur les avantages financiers qui vont avec. Le match, très disputé, a été jusqu’aux prolongations et aux tirs au but.

1re mi-temps. Juin 2022 : le gouvernement sort un décret, qui fait suite à une loi de 2020, interdisant à la filière de l’alimentation végétale d’utiliser des termes faisant référence à la viande, comme steak végétal ou chipolatas de légumes. Le décret précise la liste complète des appellations interdites, et est applicable au 1er octobre de la même année. Le champion en titre prend l’avantage.

2e mi-temps. La filière végétale contre-attaque et obtient un sursis auprès du Conseil d’Etat et la décision n’est pas appliquée. Son argument principal pour obtenir ce délai est que les marques ne disposent que de quelques semaines pour changer leurs appellations, leurs emballages, etc. Le challenger revient au score. On se dirige tout droit vers des prolongations.

Prolongations. En mai 2023, le gouvernement sort un nouveau décret interdisant définitivement, du moins le croit-il, les appellations steak végétal et autres du même genre. La filière de l’alimentation végétale ne s’en laisse pas conter et en appelle de nouveau au Conseil d’Etat. Les deux équipes étant à égalité, on en vient aux tirs au but.

 

Tirs au but. Le Conseil d’Etat sollicite l’avis de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui statue que les États membres ne peuvent pas limiter l’utilisation de termes généraux sans une base légale spécifique. S’appuyant sur cet avis, le Conseil d’Etat rend son jugement le 28 janvier 2025 : les appellations comme steak végétal sont donc autorisées. L’arbitre siffle la fin du match sur cette victoire de la filière végétale.

 

3e mi-temps. Le camp des vainqueurs exulte. Un industriel de la charcuterie végétale se frotte les mains : « Il était impensable de priver les consommateurs de dénominations claires comme “lardons végétaux” ». Pas sûr que les supporters du camp d’en face apprécient l’expression « dénomination claire » pour qualifier des « lardons végétaux ».

Voilà ce qu’on pouvait dire sur ce match : il n’y a désormais plus aucune raison pour qu’on ne trouve pas dans les rayons de nos magasins des lardons végétaux, saucisses de légumes, etc. A moins évidemment que les plus hautes instances ne décident de rejouer le match !