Présence de polluants éternels dans de l’eau du robinet d’Indre-et-Loire : L’UFC-Que Choisir d’Indre-et-Loire exige de véritables mesures de protection des consommateurs !
Dans le cadre d’une étude de l’UFC-Que Choisir et Générations Futures démontrant l’omniprésence en France des polluants éternels dans l’eau du robinet, l’UFC-Que Choisir d’Indre-et-Loire révèle la présence de PFAS dans le prélèvement réalisé à Tours. Au vu de ce résultat inquiétant, notre association exige que les pouvoirs publics appliquent des normes véritablement protectrices tout en renforçant les contrôles, et enjoint les parlementaires d’Indre-et-Loire d’adopter sans délai la proposition de loi visant à limiter les rejets de PFAS dans l’environnement et à interdire leur utilisation dans certains produits de consommation.
Les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS) sont une famille de substances couramment utilisées depuis les années 1950 dans des produits professionnels (pesticides, mousses anti-incendie, médicaments…) ou du quotidien (vêtements, emballages, ustensiles de cuisine antiadhésifs…). Beaucoup de ces molécules sont non seulement très toxiques (maladies thyroïdiennes, cancers du rein, lésions du foie…), mais aussi quasiment indestructibles d’où leur surnom de ‘’polluants éternels’’.
PFAS : quand on cherche, on trouve !
Alors que des PFAS ont été détectés dans la quasi-totalité des 30 communes (29 sur 30) testées à travers la France par l’UFC-Que Choisir et Générations Futures, les analyses sur le prélèvement de Tours ont révélé la présence de :
- TFA (acide trifluoroacétique), un résidu de dégradation des pesticides PFAS et d’autres produits chimiques éternels, à la teneur de 120ng/l ;
- D’un cocktail de 9 autres PFAS :
- Acide perfluoroctanoïque (PFOA) : 2,5
- Acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) : 2,6
- Acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) : 2,4
- Acide perfluorobutanoïque (PFBA) : 4,5
- Acide perfluorobutanesulfonique (PFBs) : 1,1
- Acide perfluoroheptanoïque (PFHpA) : 4,1
- Acide perfluorohexanoïque (PFHxA) : 7,3
- Acide perfluoropentanoïque (PFPeA) : 10
- Acide perfluoropropanoïque (PFPrA) : 8,5
Mais les teneurs et les substances que nous avons trouvées représentent-elles un risque pour les consommateurs ?
Pour les autorités françaises, ‘RAS’ sur le prélèvement de Tours…
- S’agissant du TFA, comme il n’est pas recherché dans les plans de contrôles officiels, sa présence éventuelle passe actuellement sous les radars.
- Pour les autres PFAS, si l’on prend la norme qu’appliquera la France à partir de 2026[1] (100 ng/l maximum pour 20 PFAS), le prélèvement de Tours devrait être considéré comme conforme. Mais cette valeur de 100 ng/l ne se base sur aucune donnée toxicologique, c’est simplement le niveau de détection qu’atteignaient les méthodes d’analyse il y a plusieurs décennies. En clair, cette norme, avant même d’être appliquée, est déjà complètement obsolète et ne permet pas de garantir l’innocuité des eaux testées.
… mais non conformes selon une approche plus rigoureuse
- En revanche, si le TFA était recherché dans le cadre du plan de contrôle officiel sur l’eau du robinet, alors le prélèvement de Tours serait considéré comme non conforme, la valeur relevée (120 ng/l) étant supérieure à la norme applicable aux pesticides[2].
- Quant aux autres PFAS, si l’on prenait la norme bien plus protectrice pour les consommateurs que le Danemark appliquera en 2026 (2 ng/l pour la somme de 4 PFAS[3]), alors le prélèvement de Tours (7,5 ng/l) serait également considéré comme non-conforme sur ce critère.
L’urgence à interdire la fabrication et les rejets de PFAS
Alors que nos prélèvements effectués sur le reste du territoire national confirment l’omniprésence des PFAS dans notre environnement, les mesures pour réduire ces pollutions à un niveau acceptable vont représenter un coût colossal estimé à 100 milliards d’euros par an au niveau européen[4]. Pourtant, cette coûteuse dépollution ne servira à rien si les industriels continuent à déverser des PFAS dans l’environnement. En effet, sur les milliers de PFAS créés par l’industrie, seulement 3 sont interdits à ce jours[5].
Une proposition de loi prévoit d’interdire l’utilisation de PFAS dans certains produits de consommation (cosmétiques, vêtements, textiles…), de réduire drastiquement les rejets par les usines et d’obliger les industriels à payer la dépollution. Mais cette loi votée en première lecture par l’Assemblée nationale et le Sénat attend toujours son adoption définitive depuis la dissolution.
Refusant que 100 % des consommateurs français continuent à être contaminés par les PFAS, l’UFC-Que Choisir d’Indre-et-Loire :
- Demande d’intégrer la recherche du TFA au plan de contrôle officiel et d’adopter des normes plus protectrices sur la présence des PFAS dans l’eau du robinet, basées sur des données toxicologiques récentes ;
- Exige l’interdiction de tout pesticide considéré comme PFAS ;
- Enjoint les parlementaires de notre département d’adopter sans délai la proposition de loi visant à protéger la population des risques liés aux substances per- et polyfluoroalkylées.
[1] Cette norme s’applique déjà si les Agences Régionales de Santé décident à leur initiative de rechercher des PFAS mais la systématisation des contrôles ne sera déployée qu’en 2026.
[3] La teneur maximale définie dans l’eau pour les pesticides (100 ng/l) devrait s’appliquer au TFA, puisqu’il résulte de la dégradation d’un pesticide. Pourtant à ce jour, le TFA n’est pas intégré dans le plan de contrôle officiel sur l’eau du robinet.
[3] Le Danemark définit un maximum de 2 ng/l pour la somme du PFOA, du PFOS, du PFNA et du PFHxS.
[4] ‘PFAS : le coût vertigineux de la dépollution de l’Europe’ – Raphaëlle Aubert et Stéphane Horel – Le Monde – 14 janvier 2025.
[5] À l’échelle internationale, certains PFAS sont déjà interdits par la Convention de Stockholm : le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) depuis 2009, le PFOA (acide perfluorooctanoïque) depuis 2020 et le PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique) depuis 2022.