60 Millions de consommateurs : une petite ligne en moins dans la colonne dépenses du gouvernement
Le gouvernement a annoncé il y a quelques jours qu’il cherchait à vendre le magazine 60 Millions de consommateurs, édité par l’INC (Institut national de la consommation). Le but recherché, selon le cabinet de Laurence Garnier, la secrétaire d’Etat à la consommation : « Faire bénéficier le magazine de moyens et d’une expertise nouvelle, qui lui permettront d’attirer de nouveaux lecteurs. La pérennité du titre passe par un repreneur professionnel et expert du secteur, capable notamment d’investir dans le numérique et d’impulser une nouvelle stratégie marketing et commerciale. »
Il est vrai que le magazine a perdu en quelques années beaucoup de lecteurs, avec les difficultés financières qui vont avec. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, la source ministérielle enfonce le clou : « Cette évolution du statut du magazine contribuera par ailleurs à optimiser l’utilisation des deniers publics. »
Plus d’un demi-siècle d’existence
Pour faire clair, en cette période où le gouvernement cherche par tous les moyens à gratter quelques sous par-ci, à économiser par-là, se débarrasser de ce magazine serait une petite ligne en moins dans la colonne des dépenses. Et tant qu’à faire, l’INC lui-même pourrait bien disparaître d’un même trait de plume.
En 54 ans d’existence, 60 millions de consommateurs a pourtant largement prouvé son utilité, notamment en matière de formation du consommateur ou d’enquêtes comparatives, par exemple.
« Davantage de place aux monologues sponsorisés »
Les salariés du magazine ne s’y sont pas trompés, estimant que « cette annonce gouvernementale affaiblira considérablement l’information experte indépendante au service des consommateurs, laissant davantage de place aux monologues sponsorisés des influenceurs et aux fake news sur les problèmes de consommation ».
Ils ne croyaient pas si bien dire, car les noms de potentiels repreneurs qui circulent ces jours-ci peuvent à juste titre faire frémir : on cite l’inévitable Vincent Bolloré, le non moins inévitable Bernard Arnault, et même un certain Michel-Edouard Leclerc.
Les tractations politiques qui permettront (peut-être) au gouvernement de boucler son budget étant dans leur phase la plus intense, le pire n’est jamais certain. Mais même si 60 millions de consommateurs et l’INC parviennent à sauver leur peau, cela risque de n’être que provisoire. Et on imagine sans peine, en énumérant les noms de potentiels repreneurs que l’on a cités, ce qu’il adviendrait de la liberté éditoriale du titre… et par voie de conséquence, de l’information du consommateur.
Et de cela, notre association, qui édite pourtant le mensuel concurrent Que Choisir, ne peut pas se réjouir…