Station d’épuration de la Grange-David : le long périple des eaux usées
Que se passe-t-il entre le moment où je tire ma chasse d’eau et celui où cette eau est rejetée dans la Loire ? C’est en gros à cette question qu’une petite trentaine d’adhérents et bénévoles de l’UFC-Que Choisir 37 sont venus chercher des réponses en allant visiter la station d’épuration de la Grange-David, à La Riche, guidés par une animatrice de l’association Couleurs Sauvages.
Il s’écoulera, au sens propre, au maximum 3 heures pour que mes eaux usées arrivent à la station, et toutes les opérations se dérouleront en moins de 24h, au fil d’un cheminement qui, comme le Tour de France, se fait par étapes.
1re étape
En premier lieu, on va, par un système de grilles aux mailles de plus en plus fines, retenir les déchets solides : matières plastiques, débris de toutes sortes, masques (merci le Covid !), etc. Ces débris sont ensuite envoyés – en attendant le futur incinérateur – au centre d’enfouissement de Sonzay. Ensuite, on va enlever le sable et les graisses. Le sable étant plus lourd que l’eau et la graisse plus légère, le premier va tomber au fond du bassin et la seconde remonter à la surface. Après, il n’y a plus qu’à racler. On utilise des bactéries pour dégrader les graisses. Quant au sable, après lavage, il est réutilisé dans les travaux publics.
2e étape
A ce stade, on a une eau boueuse, marron, que l’on va faire décanter en la faisant passer par des parois en nid-d’abeilles. Les matières en suspension vont se déposer au fond du bassin, où on va les racler, tandis que l’eau, elle, est évacuée vers un autre bassin par un canal en surface.
3e étape
Dans un nouveau bassin, l’eau est cette fois mise en présence de bactéries, qui vont se nourrir des matières polluantes pour les transformer en « boues activées ». L’eau est ensuite dégazée, puis mise à décanter dans un bassin. Après ce passage, l’eau, à défaut d’être potable, est suffisamment épurée pour pouvoir être rejetée dans la Loire. Fin du voyage pour le contenu de ma chasse d’eau ? Pas tout-à-fait, car si l’eau est retournée au fleuve, il reste les boues.
4e étape
A chaque étape de décantation, on a récupéré des boues. Celles-ci sont digérées dans des contenants sans oxygène, chauffés à 37°. Ensuite, elles sont déshydratées dans une centrifugeuse ; puis, additionnées de chaux, elles sont stockées avant leur utilisation comme engrais agricole.
5e étape
Les boues chauffées pour être digérées produisent du biogaz, qu’on transforme en biométhane. On peut alors le réinjecter dans le circuit de distribution du gaz de ville.
Quelques conseils
Comme on peut le voir, le processus d’épuration des eaux usées est un long cheminement (même s’il se fait dans un laps de temps finalement très court, pas plus de 24 heures), avec des opérations complexes et donc forcément coûteuses pour Tours Métropole, c’est-à-dire in fine pour nous, les contribuables. Il n’est donc pas inutile de rappeler quelques bonnes pratiques qui, si elles sont bien appliquées, peuvent à terme alléger notre facture d’assainissement, ou tout au moins l’empêcher d’exploser.
Ne pas gaspiller l’eau. Moins il y a d’eau consommée, moins il y en a à traiter. Donc, prendre des douches plutôt que des bains, ne pas laisser le robinet couler inutilement, faire la chasse aux fuites, etc.
Ne pas rejeter de produits chimiques. Peintures, huiles, solvants ou colles vont, dans des récipients bien fermés, à la déchetterie, et pas dans le lavabo !
Ne pas jeter de médicaments. Parmi les sources de pollution des eaux domestiques, les médicaments figurent en bonne place. Donc, quand on n’en a plus l’usage, on les rapporte en pharmacie plutôt que de les jeter dans les toilettes.
Attention aux graisses de cuisine. Le traitement des graisses nécessite, on l’a vu, une opération spéciale. Donc il vaut mieux les mettre dans la poubelle des ordures ménagères que dans l’évier.
Pas de protections périodiques dans les toilettes. Outre le fait que ça peut déjà boucher votre propre canalisation et entrainer une inondation, en arrivant à la station d’épuration, tous ces débris solides (au même titre que les masques, les sacs plastique ou autres) finissent par endommager les infrastructures de la station d’épuration.