UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Transports, UFC Que Choisir

Très cher train !

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Une nouvelle enquête de l’UFC-Que Choisir vient d’être publiée. Nous avons relevé le prix de chacune des lignes pour un passager de 30 à 59 ans souhaitant effectuer un aller simple en seconde le vendredi 15 mars sur le premier train disponible à partir de 17 h. C’est le tarif le plus bas qui a été retenu.

Notre nouvelle enquête sur les tarifs pratiqués par la SNCF sur 91 liaisons (lire ici) le confirme : les voyages les plus rapides affichent les prix au kilomètre les plus élevés.

Et malheureusement, la liaison Tours-Paris se situe dans le top 3 des trajets les plus chers (dans le tableau des trajets de 1 à 2 heures). Le prix moyen est de 0,20 € pour 1 km mais il est de 0,29 € le km pour le TGV Tours-Paris. Déjà, lors d’une enquête similaire en 2015, cette ligne se situait à la deuxième place dans le même classement.

Alors, combien coute en fait un aller-retour Tours-Paris ? La réponse la plus pertinente est « ça dépend » : ça dépend de la date de votre voyage, de l’heure du départ, du moment où vous réservez, du taux de remplissage du train, du type de train. Et ça dépend aussi, bien sûr, du fait que vous bénéficiez ou non d’une quelconque réduction.

Jusqu’au début des années 80, grosso modo, la pratique en vigueur était celle du kilomètre SNCF : chaque kilomètre coûtait tant, et il suffisait de multiplier ce tarif par le nombre de kilomètres de trajet pour connaitre le prix du billet voulu. Ensuite on appliquait juste les réductions auxquelles on pouvait avoir droit.

Mais depuis, le yield management, c’est-à-dire la politique du rendement, a été mis en place, et tout a changé. Dorénavant, le prix du billet de train n’est plus indexé sur la distance parcourue. La stratégie commerciale de la SNCF est simple : maximiser les recettes, varier les prix et faire payer plus cher sur les périodes les plus demandées, sur les trains roulants aux heures d’affluence…

Conséquences

La première conséquence est que les usagers ne comprennent plus rien dans les grilles tarifaires de la SNCF. Ils dénoncent cette volatilité des prix, ce manque de clarté avec un ressenti très négatif.

La deuxième remarque, et c’est ce qui ressort de notre enquête, est que si l’on compare les tarifs entre plusieurs lignes, ce que l’UFC-Que Choisir a fait, globalement plus le trajet est court, plus il est cher. Par exemple, un Paris-Tours sera plus cher au kilomètre qu’un Paris-Poitiers, qui sera lui-même plus coûteux qu’un Paris-Bordeaux, la faute aux charges fixes, que la distance parcourue ne modifie pas.

Tours-Paris

Pour notre cas et notre ligne Tours-Paris, les usagers ne comprennent pas le prix exorbitant du billet à certaines heures. Surtout, s’ils comparent pour une distance équivalente (204 km), le tarif moyen au km pour un Paris-Lille est de 0,18€ ou s’ils comparent sur d’autres distances, un Poitiers-Bordeaux à 0,09€ le km ou un Paris-Bordeaux moins cher qu’un Paris-Tours…

On en revient toujours à la stratégie commerciale de rendement de l’entreprise qui fait payer aux usagers de la ligne Tours-Paris rentabilisée le financement d’autres lignes et notamment de la LGV vers Bordeaux. En 2019, on comptait environ 4 000 personnes habitant la métropole tourangelle ou les environs et travaillant à Paris dont près de 1 300 faisaient la liaison pendulaire quotidiennement.

 

Et il est loin le temps où la SNCF promettait aux habitants du département de relier la capitale en moins d’une heure… Non seulement, les tarifs ne sont pas incitatifs mais le temps de liaison ne fait que de s’accroitre (+ 10 minutes cette année) pour arriver en moyenne à une liaison en 1 heure 20 minutes !

Le train, c’est cher !

« Le train, c’est cher » et c’est aussi ce qui ressort de notre enquête. La SNCF trouve cette critique injuste. Pour se défendre, la compagnie affirme qu’avec la hausse du prix de l’énergie, les hausses récentes de tarifs auraient pu être bien supérieures (pour rappel +5% en 2023, +2,6% en 2024 pour les TGV), que beaucoup de gens finalement bénéficient de réductions, qu’elle a mis en place avec Ouigo une offre low cost, que d’autres compagnies européennes sont proportionnellement bien plus chères, etc.

Mais il n’en reste pas moins que tant que les usagers seront persuadés que « le train c’est cher », et un véritable luxe pour les familles, toutes les incitations gouvernementales à privilégier ce moyen de transport pour des questions environnementales resteront à l’état de vœu pieux.

A l’heure où les effets du dérèglement climatique se font de plus en plus sentir (la France et le monde viennent de connaître l’hiver le plus chaud jamais enregistré), il serait de bonne politique d’encourager à privilégier les transports en commun comme le train. La logique de la SNCF reste malheureusement purement commerciale et assez incompréhensible.