Dépassements d’honoraires des médecins spécialistes : l’Indre-et-Loire entre deux eaux
Notre association UFC – Que Choisir vient de publier les résultats d’une enquête sur les dépassements d’honoraires des médecins spécialistes qui fait grand bruit dans les médias nationaux.
On peut en prendre connaissance dans le détail sur le site national de l’UFC, quechoisir.org, mais il apparait clairement une tendance principale : les patients, selon le lieu où ils habitent, ne sont pas égaux devant ces dépassements d’honoraires, alors même que les règles de cotisations à la Sécurité sociale et les bases de remboursement d’assurance maladie sont, elles, définies au niveau national. La tendance qui se dessine est que le patient est comme pris en tenaille entre deux situations : soit il habite dans un « désert géographique » avec peu de médecins, soit dans un « désert financier », avec des médecins plus nombreux mais aux tarifs plus élevés.
Et en Indre-et-Loire ? Comme souvent, notre département se situe dans un « entre deux », ni désert médical comme c’est le cas d’autres départements, ni désert financier, comme Paris, les grandes métropoles, ou la côte d’Azur. Avec des différences selon la profession concernée.
Dans le détail
Détaillons ces données, spécialité par spécialité.
Anesthésistes. La base sécurité sociale est à 30€ et la moyenne nationale à 40,9€. En Indre-et-Loire, la moyenne des tarifs s’établit à 30€, comme dans une dizaine de départements. Les plus chers sont à Paris (67,9€) et les Hauts-de-Seine (59,2€).
Cardiologues. La base Sécurité sociale est à 51€ et la moyenne nationale à 55,9€. En Indre-et-Loire, la moyenne des tarifs s’établit à 52,2€. Une petite cinquantaine de départements sont à ce tarif de base, et les plus chers sont les Hauts-de-Seine (77,8€) et Paris (75,8€)
Dermatologues. La base Sécurité sociale est de 30€ et la moyenne nationale de 41,7€. En Indre-et-Loire, la moyenne est de 34,4€. Une quinzaine de départements sont au tarif de base, alors qu’à Paris, la moyenne des tarifs grimpe à 70,3€.
Gastro-entérologues. La base sécurité sociale est à 30€ et la moyenne nationale à 37,5€. En Indre-et-Loire, la moyenne des tarifs s’établit à 30,3€. Une vingtaine de départements pratiquent le tarif de base, et les plus chers sont à Paris (67,9€) et les Hauts-de-Seine (59,2€).
Gynécologues. La base Sécurité sociale est de 30€ et la moyenne nationale de 50,6€. En Indre-et-Loire, le tarif moyen est de 42,7€. Dans un seul département, le Lot, tous les praticiens pratiquent le tarif de base (ils ne sont que 4). A Paris, le prix moyen de la consultation est de 80,5€.
Ophtalmologues. La base Sécurité sociale est de 30€, et la moyenne nationale de 43,8€. L’Indre-et-Loire dépasse ce chiffre avec une moyenne de 45,9€. Dans deux départements, le Lot et la Haute-Marne, tous les ophtalmologues pratiquent le tarif de base (4 dans le Lot, 2 en Haute-Marne). A Paris, le plus cher, la moyenne est de 65,5€.
Pédiatres. La base Sécurité sociale est à 37€ et la moyenne nationale à 46,2€. En Indre-et-Loire, la moyenne est de 38,4€. Une quinzaine de départements sont totalement alignés sur la base Sécurité sociale. A Paris, toujours le plus cher, la moyenne des tarifs est de 66,7€.
Psychiatres. La base Sécurité sociale est à 50,2€, et la moyenne nationale à 63,9€. En Indre-et-Loire, la moyenne des tarifs est de 63,7€, alors que dans une quinzaine de départements, tous les praticiens appliquent le tarif de base. A Paris, cette moyenne monte à 83,6€.
Des chiffres qui appellent des remarques
Premièrement, rappelons que les chiffres sont ceux de 2022, les derniers connus. Depuis, les tarifs opposables ont augmenté, et les tarifs des médecins pratiquant des dépassements d’honoraires ont également évolué. Mais bien évidemment, le constat général d’une « médecine à deux vitesses » reste plus que jamais vrai.
Deuxièmement, il s’agit de moyennes départementales, ce qui veut dire qu’en Indre-et-Loire, un certain nombre de spécialistes ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires, tandis que d’autres ont des tarifs beaucoup plus élevés. Il convient au patient de se renseigner, quand il le peut, avant de consulter.
Troisièmement, notre département se situe, dans 7 spécialités, en-dessous de la moyenne nationale (seule l’ophtalmologie est au-dessus). Mais il faut prendre en compte le fait que les tarifs parisiens (avec ceux d’un certain nombre de départements de la couronne parisienne), très élevés, font mécaniquement monter cette moyenne nationale.
Enfin, puisqu’on parle régulièrement de déserts médicaux, observons que cette étude met crument en lumière ce phénomène, puisqu’une dizaine de départements ne disposent pas de données sur au moins une spécialité, soit que les données n’aient pu être collectées, soit, plus prosaïquement, parce qu’ils n’ont pas de praticiens dans la spécialité en question.
Retrouvez l’article complet du site national ici