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environnement

L’entreprise qui plantait des arbres…

Un certain nombre de grandes entreprises, pour verdir leur bilan carbone, plantent des arbres.

Les grandes entreprises les plus polluantes sont soumises au système européen des quotas, censé les inciter à réduire leurs émissions afin de parvenir à la neutralité carbone. Or, ces entreprises tentent de s’exonérer de cet impératif. Au lieu de focaliser leurs efforts sur une réduction de leurs émissions, elles misent sur le mécanisme de compensation carbone en finançant des opérations forestières qui séquestreront du carbone dans un délai plus ou moins long quelque part dans le monde. Mais en parallèle, elles envoient toujours autant de CO2 dans l’atmosphère.

 

Exemple

Prenons  l’exemple de TotalEnergies: l’entreprise a lancé en 2021 un projet de boisement en République du Congo, avec 40 000 hectares d’acacias censés absorber plus de 10 millions de tonnes de CO2 sur 20 ans.

Elle consacre également, chaque année, environ 100 millions de dollars à la multiplication d’investissements forestiers, essentiellement en Amérique du Sud et en Afrique, visant à capter 5 millions de tonnes de CO2 par an d’ici à 2030.

Mais dans le même temps, TotalEnergies émet 460 millions de tonnes chaque année.

Planter des arbres, c’est plutôt bien ?

Si l’on pose la question  « planter des arbres, c’est plutôt bien? », en fait, la réponse est plus complexe que ça. En effet, pour les plantations, on choisit le plus souvent des essences à croissance rapide pour réduire le décalage dans le temps entre les émissions et leur compensation. On crée donc d’immenses étendues d’eucalyptus, d’acacias ou de pins, notamment en Asie du sud-est, avec des conséquences environnementales : dégradation de la biodiversité, érosion des sols, épuisement de la ressource en eau, car pour grandir si rapidement, ces espèces en pompent énormément.

De plus, cette recherche de neutralité carbone nécessite des plantations massives d’arbres sur de vastes espaces. Donc la flambée de la demande de terres risque de provoquer des déplacements en masse de populations dans les pays à faible revenu, avec pour conséquences une hausse massive des prix des denrées alimentaires, et une aggravation de la famine dans le monde.

 

La seule solution viable est la réduction, aussi forte et rapide que possible, de ses émissions, qu’on soit citoyen, collectivité ou entreprise.