UFC-Que Choisir de l'Indre et Loire

Alimentation-Santé-Eau

Ô temps de cuisson des nouilles, suspends ton vol !

 

Je l’avoue humblement : je n’avais pas comme projet initial de tester pour UFC-Que Choisir la cuisson des pâtes mais la polémique enflant en Italie, j’ai voulu en avoir le cœur net.

A priori, la cuisson des pâtes, c’est assez basique, et il n’y a pas besoin de sortir de l’école hôtelière pour y arriver : on fait bouillir de l’eau, on y plonge les nouilles et on attend le temps indiqué sur le paquet pour les égoutter. Un peu plus si on les veut fondantes, un peu moins si on les préfère « al dente ».

Sauf qu’un scientifique italien, Giorgio Parisi, prix Nobel de physique 2021, a jeté un sacré pavé dans la mare récemment en affirmant que l’on pouvait économiser l’énergie en baissant le feu au maximum sous l’eau des pâtes. Il est même allé plus loin en relayant le conseil d’Alessandro Busiri Vici qui, lui, éteint carrément le feu en laissant un couvercle sur la casserole. Tollé général dans son pays, de grands chefs montant au créneau pour défendre la cuisson traditionnelle des nouilles.

 

Quand cuisent les nouilles…

N’écoutant que mon goût pour l’expérience, mais aussi mon désir de faire des économies, j’ai donc tenté l’expérience. Sous le regard dubitatif de ma femme (qui a de lointaines origines italiennes) et de mon fils, je mets donc de l’eau à bouillir et prépare ma dose de pâtes. Temps de cuisson recommandé par le fabricant : 9 minutes. Quand l’eau bout, j’y jette mes pâtes, et muni d’un chronomètre, j’attends 2 minutes, puis j’éteins tout et je recouvre d’un couvercle. Ma femme commence à inspecter les conserves du placard pour trouver ce que l’on va manger quand mon expérience aura foiré.

Au bout de 9 minutes d’une attente éprouvante pour les nerfs, j’égoutte mes pâtes et les pose sur la table. Verdict de la spécialiste maison : « Finalement, elles sont cuites, qui l’eût cru ! » Une fois de plus, la science a triomphé de l’obscurantisme !

Pas peu fier de mon succès, j’entends bien enfoncer le clou (je n’ai pas particulièrement le triomphe modeste, je l’avoue) et je claironne : « Ce soir, je fais des œufs durs ! »

« Ah non, répond ma femme, on en a déjà mangé hier soir ! » Cette fois, la polémique tourne court, mais ce n’est que partie remise. Comme disait Gustave Flaubert : « Une erreur, fût-elle vieille de cent mille ans, par cela même qu’elle est vieille, ne constitue pas une vérité ! la foule invariablement suit la routine. C’est au contraire le petit nombre qui mène le progrès. »

Petits gains au quotidien

A bien y réfléchir, le résultat de cette expérience, somme toute, est logique : quand on éteint le feu sous la casserole, la température de l’eau baisse progressivement et ne passe pas directement à température ambiante, donc les nouilles continuent de cuire, mais de moins au moins vite.
Et ce qui est valable pour les pâtes l’est aussi pour la nourriture que l’on fait cuire au four. En laissant le four fermé, on peut finir de cuire un plat en éteignant avant la fin théorique du temps de cuisson.
Et évidemment, en ces périodes d’énergie chère, le gain de consommation, aussi limité soit-il, n’en est pas moins appréciable. Dans le cas de mes pâtes, on économise 7 minutes de gaz (ou d’électricité).

Et si un jour, l’énergie retrouve des coûts abordables (ce que tout le monde espère sans trop y croire), plutôt que de revenir à d’antiques pratiques énergivores, pourquoi ne pas faire perdurer les gestes vertueux : la planète a tout à y gagner, et ça, c’est inestimable !