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Consommation

Truite fumée de Bretagne : Ça manque peut-être un peu de celte !

On ne le répétera jamais assez, dans tous les cas le consommateur a le plus grand intérêt à lire le plus scrupuleusement possible les étiquettes…

 

Alors que je faisais mes courses dans une grande surface, au détour d’un rayon réfrigéré, un produit a soudain attiré mon attention : « truite fumée de Bretagne ». En y regardant de plus près, l’emballage m’a semblé très explicite : une photo de phare, que mon œil exercé a immédiatement identifié comme celui du Petit Minou, à l’entrée de la rade de Brest. Au dos, entre autres explications, un paragraphe en langue bretonne, orné d’un triskell, pour bien me faire comprendre l’origine affirmée du produit. Il n’en fallait pas plus pour mettre en ébullition le sang gwenn ha du (noir et blanc) qui coule dans mes veines, et déclencher chez moi une irrépressible envie d’achat.
De retour chez moi, je me suis mis à inspecter l’emballage (ce que j’aurais normalement dû faire avant d’acheter), afin d’y trouver des indications claires sur la provenance du produit.

 

Les truites n’ont pas de chapeaux ronds…

J’y ai d’abord trouvé le label origine France, garantissant « un produit 100% français, de l’œuf de truite jusqu’au produit fini ». Mais à ce stade, pas de référence particulière à la Bretagne. J’ai ensuite lu attentivement un petit paragraphe (celui qui, précisément, est traduit en breton), qui évoque « des truites provenant des rivières de Bretagne, élevées sur des sites reconnus pour la qualité de leurs eaux… » Mais alors, me suis-je demandé, qu’arrive-t-il aux poissons entre leur « provenance » bretonne et mon assiette ? Le doute s’insinue dans mon cerveau, d’autant que l’adresse de la marque se trouve dans les Landes. Un petit tour sur le site de l’industriel ne m’a donné aucune information supplémentaire sur la supposée celtitude des truites. Du coup, j’ai été consulter mon Petit Larousse, pour connaître la définition du mot provenance : « Partie d’une forêt où sont récoltées les graines qui servent à produire les plants destinés au reboisement ». Appliqué à la pisciculture, le terme pourrait très bien ne concerner que les alevins, voire les œufs…

Brouillard sur l’étiquette

Pour en avoir le cœur net, je retourne au magasin, et j’achète de la « truite fumée Aquitaine » de la même marque. Le conditionnement est similaire. Sur l’emballage, une photo de la forêt landaise a remplacé le phare finistérien. Au dos, surprise, outre une certification « Agri Confiance » qui n’existait pas sur le produit « breton », on nous indique clairement où naissent les truites, en l’occurrence sur différents sites des Landes, du Lot-et-Garonne et de Charente, et où elles sont élevées (en Aquitaine). Alors, pourquoi ne pas l’avoir écrit aussi dans les cas des truites de Bretagne ? Une seule explication vient spontanément à l’esprit : parce que ce n’est sans doute pas le cas. Hormis la mention, somme toute assez vague, d’une provenance « des rivières de Bretagne… », rien n’indique que les animaux soient élevés, et encore moins fumés et conditionnés, dans la région dont on se réclame.

Alors, on ne le répétera jamais assez, dans tous les cas le consommateur a le plus grand intérêt à lire le plus scrupuleusement possible les étiquettes… on y trouve souvent des indications fort utiles. Et parfois, on n’y trouve pas ce que l’on est censé y trouver. Mais le manque d’information est une information en soi.